Détacher l'activité maintenance du groupe Air France-KLM pour en faire une filiale représente un "gros risque" pour les salariés, s'alarment à l'unisson les syndicats en prédisant "une très forte mobilisation" à venir du personnel.
Le transporteur franco-néerlandais va lancer à d'ici la fin de l'année une étude sur "la possibilité d'une filialisation" de sa division maintenance, numéro deux mondiale derrière Lufthansa (DE:LHAG) Technik. Ses conclusions sont attendues avant l'été prochain.
Son but ? Voir si la valorisation en bourse de cette activité, actuellement rentable, peut offrir "des marges de manoeuvre plus importantes" en matière de financement, explique-t-on au sein de la compagnie.
Mais pour les syndicats, "tout ce qui est valorisé est vendable", résume la CGT. Selon le syndicat, le projet représente "un enjeu purement financier pour Air France et un gros risque pour les salariés".
Il "ne répond en rien aux attentes des salariés concernant leurs emplois, leurs rémunérations, leurs acquis sociaux et leurs conditions de travail", se sont inquiétés jeudi dernier les élus SUD-aérien, CGT, Unsa, CFDT et CFE-CGC, lors d'un comité d'établissement de la maintenance.
Le syndicat Unsa des mécaniciens (SNMSAC-Unsa), associé à son alter ego néerlandais NVLT-KLM, a dit rejeter tout projet de filialisation "avec force et détermination".
"Une très forte mobilisation des salariés" est prévisible car tous "comprennent bien que c'est pour accélérer la vente à terme", comme récemment avec la filiale de restauration à bord Servair, développe Jérôme Beaurain de SUD-aérien, premier syndicat à la maintenance.
Chez Lufthansa Technik certes, "ça leur a permis de se développer, mais surtout à l'étranger", affirme-t-il à l'AFP, en rappelant que la réorganisation du groupe allemand s'est accompagnée de centaines de suppressions d'emplois.
La direction d'Air France assure que la maison-mère conserverait le "contrôle exclusif" de la filiale et que l'activité se poursuivrait "sans dégradation des conditions sociales et d'emploi des équipes".
Vendre la filiale n'est pas une option, assure-t-elle, car "ce serait immédiatement perdre notre valeur sur le marché".
"On reste extrêmement prudent sur la faisabilité du projet", d'autant que la direction de KLM et les autorités néerlandaises n'y sont pas favorables, assure de son côté Béatrice Lestic (CFDT), jugeant "prématuré de lancer un tel pavé dans la mare".
Le chiffre d'affaires d'Air France Industries et KLM Engineering & Maintenance s'est élevé en 2015 à 4 milliards d'euros, en hausse de 18%. Cette division emploie 14.000 personnes, dont 8.500 en France.